LA TAPISSERIE AU XV° SIÈCLE .- 59

contemporains. C'est à peine si nous en avons rencontré deux ou trois depuis Charles VII jusqu'au règne de Louis XII.

L'un d'eux, Michel de Chamans, vend, en 1487, huit pièces de Bergeries et de Verdures pour la somme de 419 livres.

C'est loin de Paris, en province ou à l'étranger, qu'on rencontre les habiles artisans chassés de la capitale par la misère. A Rome, c'est un Parisien qui fonde, en 1455, le premier atelier pontifical. Il a bien aussi toute l'apparence d'un transfuge du nord de la France, ce Juan Noyon établi en 1413 à la cour du roi de Navarre.

Une cause particulière contribua sans doute à priver la capitale des industries de luxe qui faisaient naguère sa richesse et son orgueil. Les rois, pendant près d'un siècle, promenèrent le siège du gouvernement clans différentes villes, sans jamais revenir à Paris. Charles VII, le roi. de Bourges, passe sa vie à guerroyer .contre les Anglais; Louis XI fixe sa résidence aux'environs de Tours. Ses successeurs suivent son exemple ét adoptent les bords de la Loire; Charles VIII s'établit à Amboise, Louis XII à Blois; François I^er partage ses faveurs entre Fontainebleau et Chambord.

Cette désertion de la cour-n'était pas de nature à réparer les pertes graves causées par une guerre longue et désastreuse. Les industries de luxe suivirent Je souverain dans ses migrations et abandonnèrent pour un temps leur ancien quartier général. Si les ateliers de Paris ne se rouvrirent pas, des métiers se montèrent à Bourges¹, puis à Tours et à Fontainebleau.

Nous reviendrons plus loin sur Ies divers ateliers du centre et du midi de la France dont nous sommes parvenu à constater l'existence; il faut d'abord nous occuper de la ville qui éclipsa toutes les autres manufactures du xv- siècle.

Arras. — Laville d'Arras, comprise dans les domaines du duc de Bourgogne, se trouvait dans des conditions bien plus favorables que la capitale du royaume. Ses habitants vaquaient paisiblement à leurs' travaux ordinaires, sans craindre les émeutes populaires ou

i Parmi les trésors de toute nature amassés dans son hôlel dc Bourges, Jacques Cœur possédait un certain nombre dc tapisseries, notamment une tenture de VHistoire do Nabuchodonosor estimée 500 écus. Au nombre cles experts chargés dc dresser l'inventaire dc ses biens figurent trois tapissiers: Guillaume Rabicnnc, Jean Rabicnnc et Jacolin Lelièvre.



	LA TAPISSERIE AU XV° SIÈCLE .- 59 contemporains. C'est à peine si nous en avons rencontré deux ou trois depuis Charles VII jusqu'au règne de Louis XII. L'un d'eux, Michel de Chamans, vend, en 1487, huit pièces de Bergeries et de Verdures pour la somme de 419 livres. C'est loin de Paris, en province ou à l'étranger, qu'on rencontre les habiles artisans chassés de la capitale par la misère. A Rome, c'est un Parisien qui fonde, en 1455, le premier atelier pontifical. Il a bien aussi toute l'apparence d'un transfuge du nord de la France, ce Juan Noyon établi en 1413 à la cour du roi de Navarre. Une cause particulière contribua sans doute à priver la capitale des industries de luxe qui faisaient naguère sa richesse et son orgueil. Les rois, pendant près d'un siècle, promenèrent le siège du gouvernement clans différentes villes, sans jamais revenir à Paris. Charles VII, le roi. de Bourges, passe sa vie à guerroyer .contre les Anglais; Louis XI fixe sa résidence aux'environs de Tours. Ses successeurs suivent son exemple ét adoptent les bords de la Loire; Charles VIII s'établit à Amboise, Louis XII à Blois; François I^er partage ses faveurs entre Fontainebleau et Chambord. Cette désertion de la cour-n'était pas de nature à réparer les pertes graves causées par une guerre longue et désastreuse. Les industries de luxe suivirent Je souverain dans ses migrations et abandonnèrent pour un temps leur ancien quartier général. Si les ateliers de Paris ne se rouvrirent pas, des métiers se montèrent à Bourges¹, puis à Tours et à Fontainebleau. Nous reviendrons plus loin sur Ies divers ateliers du centre et du midi de la France dont nous sommes parvenu à constater l'existence; il faut d'abord nous occuper de la ville qui éclipsa toutes les autres manufactures du xv- siècle. Arras. — Laville d'Arras, comprise dans les domaines du duc de Bourgogne, se trouvait dans des conditions bien plus favorables que la capitale du royaume. Ses habitants vaquaient paisiblement à leurs' travaux ordinaires, sans craindre les émeutes populaires ou i Parmi les trésors de toute nature amassés dans son hôlel dc Bourges, Jacques Cœur possédait un certain nombre dc tapisseries, notamment une tenture de VHistoire do Nabuchodonosor estimée 500 écus. Au nombre cles experts chargés dc dresser l'inventaire dc ses biens figurent trois tapissiers: Guillaume Rabicnnc, Jean Rabicnnc et Jacolin Lelièvre.